Phnom Penh, marée humaine, scooters louvoient au milieu des
files denses de 4 roues. Quelques cyclo-pousses haut-perchées subsistent péniblement, héritage en voie d’extinction. Les
pick-up n’ont guère renoncé en 16 ans aux surcharges terrifiques. Sourions à la
vue de l’un d’eux submergé de quelques centaines de vélos
Les câbles électriques assaillent toujours les poteaux d’une
manière aussi anarchique. Immeubles
seventies griseux inchangés, un peu plus fanés peut-être. Nous retrouvons notre
bon vieil hôtel Capitol, égal à lui-même. Le bruit des boulevards aspire nos
tympans. Tokoloks et œufs noirâtres, stands de riz frits, rien de bien original.
Une pitance dans la lignée des pays précédents.
Des chantiers émaillent nombreuses artères, zones
primitivement rurales en reconversion promoteur. Naissent ainsi des ilots de
complexes luxueux parachutés au milieu d’un décor peu transcendant. Je cherche
en vain l’harmonie de la ville. Phnom Penh n’a pas le pouvoir de me séduire. Le
niveau sonore m’agresse. Bords de fleuve trop trafiqués aussi. Je cherche en
vain les lieux de retraite.
Déposons rapidement nos demandes de visas auprès de l’ambassade
indienne. Pas l’âme à poireauter en capitale une semaine durant. Option
escampette maritime. Parquons bicyclettes et filons pour quelques 5 heures de
bus vers la mer.
Trois jours de flânerie douce entre baignade et balade au
pays de la pêche au crabe.
A deux pas des vagues, s’étalent des centaines de hamacs en
location. Amusante vision !
Kampot à quelques vingt-cinq kilomètres nous réjouît tout
autant. Fief du poivre, de quelques marais salants, ne pouvons retenir l’envie
de louer des vélos. Décidément, les PJ semblent arrimés à chaines et pignons.
Bucolique promenade dans un décor tranquille partagé entre ruralité et bourgade
aux vieux airs coloniaux. Grain de charme suranné.
Une échappée promesse mène la troupe à Koh Tonsay, l’ile aux
lapins : un après-midi et une soirée de lézardage et barbotage. Du hamac
aux flots verts, d’un temps lecture au quart d’heure massage pour les enfants.
Des cocotiers et de l’eau, quelques barques rouges et vertes, ils n’en
demandent guère plus et sembleraient bien vite s’adapter à une forme d’exotique
farniente.
Parenthèse engloutie, sonne l’heure de retrouver le monstre
de brouhaha et l’étouffement de la ville. La chaleur rabat vite toute velléité
de visite. Cherchons et trouvons le frais au centre culturel français. Ne
cherchons guère mais trouvons rencontre extraordinaire. Lorsqu’enfants jouent
ensemble, parents finissent par se causer. Henri de lever la tête : nez à
nez avec un ex collègue. Noël prend des airs de fête et de cocon. A Phnom Penh
resterons et le 24, point seuls ne passerons. Un Chouette cadeau pour petits et
grands !
Nous profiterons de ces jours aussi pour partager du temps
avec des connaissances d’amis, des moments pour comprendre un peu mieux du
dedans aussi ce qui se vit ici.
Mon estomac ramasse joliment, menus examens sans suite, un
métabolisme normal revient petit à petit. La touffeur du climat nous traine
tous un peu au ralenti.
Activité menue, menue. Sur la place du palais royal, trône l’icône
du feu « King ». Se relaie devant son portrait entouré de boutons de
fleurs noirs et blancs, un cortège de citoyens paré de ces mêmes couleurs de
deuil, venus rendre hommage à leur roi défunt. Les femmes élégantes, sarong
sombre, chemise blanche brodée, étole noire sur l’épaule s’avancent dignement
vers le corps de l’emblème disparu. Des sortes d’anémones blanches s’accumulent
sur le devant de palais. Relent de ferveur pour ces pèlerins sans doute parfois
venus de loin. Sur l’aile droite du bâtiment royal, des ouvriers s’activent
jour et nuit. Construction du lieu de cérémonie funéraire, émergence d’un futur
sanctuaire. Trois mois de corps exposé avant que foule ne s’amasse pour l’ultime
envolée de Sa Majesté.
Les journées citadines se sont alignées, un peu trop
nombreuses à mon goût, nécessaires peut-être cependant pour reprendre des
forces et vers le nord filer.