mercredi 16 janvier 2013

Entre ville et mer. De Phnom Penh à Kampot et Kep


Phnom Penh, marée humaine, scooters louvoient au milieu des files denses de 4 roues. Quelques cyclo-pousses haut-perchées subsistent  péniblement, héritage en voie d’extinction. Les pick-up n’ont guère renoncé en 16 ans aux surcharges terrifiques. Sourions à la vue de l’un d’eux submergé de quelques centaines de vélos

Les câbles électriques assaillent toujours les poteaux d’une manière  aussi anarchique. Immeubles seventies griseux inchangés, un peu plus fanés peut-être. Nous retrouvons notre bon vieil hôtel Capitol, égal à lui-même. Le bruit des boulevards aspire nos tympans. Tokoloks et œufs noirâtres, stands de riz frits, rien de bien original. Une pitance dans la lignée des pays précédents.

Des chantiers émaillent nombreuses artères, zones primitivement rurales en reconversion promoteur. Naissent ainsi des ilots de complexes luxueux parachutés au milieu d’un décor peu transcendant. Je cherche en vain l’harmonie de la ville. Phnom Penh n’a pas le pouvoir de me séduire. Le niveau sonore m’agresse. Bords de fleuve trop trafiqués aussi. Je cherche en vain les lieux de retraite.

Déposons rapidement nos demandes de visas auprès de l’ambassade indienne. Pas l’âme à poireauter en capitale une semaine durant. Option escampette maritime. Parquons bicyclettes et filons pour quelques 5 heures de bus vers la mer.

Trois jours de flânerie douce entre baignade et balade au pays de la pêche au crabe.

A deux pas des vagues, s’étalent des centaines de hamacs en location. Amusante vision !

Kampot à quelques vingt-cinq kilomètres nous réjouît tout autant. Fief du poivre, de quelques marais salants, ne pouvons retenir l’envie de louer des vélos. Décidément, les PJ semblent arrimés à chaines et pignons. Bucolique promenade dans un décor tranquille partagé entre ruralité et bourgade aux vieux airs coloniaux. Grain de charme suranné.

Une échappée promesse mène la troupe à Koh Tonsay, l’ile aux lapins : un après-midi et une soirée de lézardage et barbotage. Du hamac aux flots verts, d’un temps lecture au quart d’heure massage pour les enfants. Des cocotiers et de l’eau, quelques barques rouges et vertes, ils n’en demandent guère plus et sembleraient bien vite s’adapter à une forme d’exotique farniente.


Parenthèse engloutie, sonne l’heure de retrouver le monstre de brouhaha et l’étouffement de la ville. La chaleur rabat vite toute velléité de visite. Cherchons et trouvons le frais au centre culturel français. Ne cherchons guère mais trouvons rencontre extraordinaire. Lorsqu’enfants jouent ensemble, parents finissent par se causer. Henri de lever la tête : nez à nez avec un ex collègue. Noël prend des airs de fête et de cocon. A Phnom Penh resterons et le 24, point seuls ne passerons. Un Chouette cadeau pour petits et grands !

Nous profiterons de ces jours aussi pour partager du temps avec des connaissances d’amis, des moments pour comprendre un peu mieux du dedans aussi ce qui se vit ici.

Mon estomac ramasse joliment, menus examens sans suite, un métabolisme normal revient petit à petit. La touffeur du climat nous traine tous un peu au ralenti.

Activité menue, menue. Sur la place du palais royal, trône l’icône du feu « King ». Se relaie devant son portrait entouré de boutons de fleurs noirs et blancs, un cortège de citoyens paré de ces mêmes couleurs de deuil, venus rendre hommage à leur roi défunt. Les femmes élégantes, sarong sombre, chemise blanche brodée, étole noire sur l’épaule s’avancent dignement vers le corps de l’emblème disparu. Des sortes d’anémones blanches s’accumulent sur le devant de palais. Relent de ferveur pour ces pèlerins sans doute parfois venus de loin. Sur l’aile droite du bâtiment royal, des ouvriers s’activent jour et nuit. Construction du lieu de cérémonie funéraire, émergence d’un futur sanctuaire. Trois mois de corps exposé avant que foule ne s’amasse pour l’ultime envolée de Sa Majesté.

Les journées citadines se sont alignées, un peu trop nombreuses à mon goût, nécessaires peut-être cependant pour reprendre des forces et vers le nord filer.

Cambodge : de Veung Kham à Kompong Cham


Une frontière encore ! Dimanche ordinaire. Quelques préposés empressés de  soutirer quelques dollars face à notre résolution de ne pas céder à cette harassante, omniprésente corruption.. Qui aura raison de ce passage en force ? Inflexibilité de la mère décidée à camper sur place ou vision attendrie  d’un chapelet d’enfants arque boutés à leurs montures chargées.   Nul ne saura jamais mais nous voici de l’autre côté, échappant aux premières tentatives de racket  qui ne sont point sans nous rappeler quelques souvenirs.

Le bitume réverbère ses degrés puissants. L’horizon est plat, rizières sèches, échoppes quasi inexistantes, l’équipée se doit de trouver toit, peu encline à planter la tente. Envie d’eau, de douche. Même les temples se font rareté sur cette portion de route. Hésitons à rallier le fleuve, suivre le Mékong, filer vers O’Svay, un nom qui sonne joli à l’oreille, mais craignons de nous soumettre au risque de devoir rebrousser chemin, pris dans les  bras de pistes  sans issues ; Tenons le cap droit, cap sur Stung Treng. Peu de surprises, peu de rencontres, une route relativement  face et déserte, outre la présence permanente d’un soleil traitrement voilé, qui écrase et active la hâte d’échouer à l’écart des UV.

Crépuscule,  Claire pivoine encaisse mal la chaleur, petit bout de fillette vaillante épuisée par les degrés. Stung Treng : joie d’allumer un ventilo, de sentir les projections d’un pommeau sur sa peau.  Nuit de repos, un jour de trêve aussi.

Frais gardons, micro baladons entre marché et artères sans intérêt folichon.

La mode est au pyjama molleton. Interloqués d’abord, nous nous demandons pourquoi chacun arbore ses petits mickey de flanelle. Hiver ? 35° tout de même ! Absence de garde-robe ? Les marchés nous montrent la tendance, partagée entre ces apparats aux airs de parure nocturne et les pantalons informes à motifs britishement liberty.

Bartimée, le seul non épuisé par les kilomètres peut-être, m’emboite le pédalier pour longer le Mékong , en quête d’un reposant coucher de soleil.  Le rivage est étrange   ; s’y dressent en vis-à-vis, maisons en dur aux apparences relativement cossues et cabanes de tôle bien sordides. Au milieu, les enfants jouent. Assis sous quelques cahutes, on tcharre, grignote trois poissons remontés aujourd’hui ou hier (l’odeur me le suggère !) des flots peu ragoûtants. Trainaillement de savates, bâillements, rien ne semble affoler les soirées de bord de rive. Pimpant le soleil s’allongeant langoureusement sur les eaux, luisants les bateaux dardant comme d’infimes poinçons sur les eaux !

Quelques cyclos de passage nous déconseillent le tronçon ralliant Kratie, une nationale a priori monotone. Souhaitions épouser le fil du fleuve. Infos contradictoires. Mission serait impossible. Nous nous rangeons à la paresse et négocions un bout de chemin, vélos en soute de bus. Apprendrons plus tard qu’il était bel et bien possible  armés de patience, de trouver un sillon  à saute-moutons entre les méandres du fleuve. Guère simple de se faire une idée à compiler trop d’avis.

Lâchés par le bus à une jonction de route, avalons petit casse-croûte et enfourchons  nos engins non-volants.

Première occasion de tester le jus de sucre de canne qui deviendra un petit plaisir multi-quotidien. Cannes passées à la moulinette, soupçon de citron vert et addition de glaçon, le tour est joué.

Kampi : les dauphins de l’Irrawady n’apparaissent guère à nos yeux scrutant pourtant les ondulations du fleuve. Mais le bonheur de pédaloter vue sur les eaux  dilapide vite la frustration des enfants.

Sur la route, croisons des charrettes noyées sous le volume de poteries ou de paniers. Un village peu avant Kratie nous régale de son riz gluant cuit dans les bambous. Amusant toujours  de voir dans ces pays comme les vendeurs des mêmes spécialités s’amassent en un seul lieu. A la campagne comme à la ville, mécanos, réparateurs de télés ou tailleurs s’agglutinent dans une même rue, bien souvent.

Kratie nous honore d’une immense chambrée avec terrasse de toit et vue sur le fleuve. Flanotons sur la rive, des khmers talentueux jouent du torse et de la cheville avec leur balle-volant. Au matin, hissons nos vélos sur une barque. Il est 8h à peine. Le soleil est doux encore comme notre premier roulis sur l’ile. Koh-Trang. Charmés, c’est une journée entière que nous consommerons à contempler les travaux de cette paisible vie rurale. Perchés sur une chaise, hommes ou femmes tiennent à bout de bras sur leurs têtes un panier de grains qu’ils déversent pour qu’enveloppent et poussières filent au vent. Orpailleurs de végétaux, comme un flot de pépites dorées tombant sur le sol dans une sublime lumière pailletée.

Au pied de sa maison, une femme « funambule », laboure d’un rouleau par buffles tracté, son lopin de terre.

L’ile sereine s’éveille sous tous ces doigts d’or qui tissent des feuilles de palme tantôt pour parfaire leurs maisons, tantôt pour modeler des paniers.

Enfants en uniformes sur leurs vélos à roues immenses, cuisinières colportant leurs saveurs dans des gamelles arrimées à leurs porte-bagages, les sourires discrets dessinent les contours d’une journée délicieuse. Tout au sud de cette terre, flottent des maisons. Une scierie sur l’eau, quelques autres échoppes dont nous ne pouvons à distance distinguer la fonction, des habitats tout simplement, marquent le territoire maritime de quelques dizaines de familles vietnamiennes.

Grande plage, bon moment de baignade, clôturons notre boucle avant de retrouver nos pénates de pleine terre.

 

De Kratie à Kompong Cham, nous ne quitterons presque jamais les longues bandes de poudreuse rouge, parsemées de petits pontons de bois et creusant leur voie entre de belles maisons à pilotis. Une portion de régal d’une rive à l’autre picorant avec délectation ces moments de vie quotidienne au bord du Mékong. Rizières étincelantes de lumière magique à la tombée du jour, de ces verts crus et luisants qui charment l’œil démesurément. Plus de rumeur de voiture. Des temples, des mosquées bientôt, des villages où filent main dans la main fillettes voilées et femmes à kramas, mixité de campagne qui donne de l’extérieur tout au moins l’illusion d’un métissage harmonieux.  A Chlong, pris un peu de court pour emplir nos estomacs, testerons les œufs couvés, Bartimée dépiautant avec méthode et naturel pas dégoûté pour un sou, pattes, tête et œil du fœtus immature !

Les maisons arborent dans la région l’estampille du temps, une date perchée sur le faît des toitures. Les enseignes de bord de route me font souvent sourire, plaisir d’un graphisme parfois gauche, souvent naïf.

Ne souhaitant guère nous fader des kilomètres de faubourg pris dans la toile opaque des gaz d’échappement, nous ferons route jusqu’à Phnom Penh dans un mini van, après un dernier petit saut insulaire sur l’ile reliée à Kompong Cham par un pont de bambous éphémère reconstruit chaque année.

Ville, ville nous attend. Qu’en retrouverons-nous après 16 ans ?

samedi 5 janvier 2013


Un néon, deux baches plastiques, un petit bac receptable ? A quoi puis je servir sachant que l'on me retrouve souvent dans les campagnes cambodgiennes et lao.

De Phonm Penh à Battambang

vendredi 4 janvier 2013

Vous avez dit "cornes" ?

Et si c’était vrai ! Eh ! Vous savez quoi ? Maman rêve d’un buffle d’eau dans son jardin une fois rentrée à la maison. Elle aime son regard doux. D’accord, je veux bien, mais c’est elle qui s’en occupera ! Or, nous avons appris que ces bêtes n’aiment pas l’odeur des blancs. Donc, impossible d’en adopter un. Mais en fabriquer un ? Qu’en pensez -vous? Un peu fou ; si on essayait quand même ! De toute manière, il n’y a rien à perdre ; à part une expérience. Allez, on se lance ! Une fine lamelle de bois peut remplacer la ficelle. Et la coque d’un fruit pour les cornes… Attention ! Le voilà enfin près ce buffle qui aime les européens ! Ouvrez bien les yeux car vous n’en verrez qu’un seul dans toute votre existence. Anna (Kratie-Cambodge)

jeudi 3 janvier 2013