dimanche 9 décembre 2012

La terre est rouge


Les rives du Mékong se réveillent. Il est six heures à peine. Trois buffles morts gisent sur la route, une camionnette ratatinée git, elle  aussi.

Les rizières sont asséchées. La terre craquèle un peu. La terre est rouge.

Une femme tisse un filet sur son plancher.

En tailleur, petits et grands s’assemblent  autour de soupes fumantes. Petit déjeuner de nouilles blanches.

Au loin, les montagnes belles se dressent au-dessus de la cité antique. Le Wat Phu somnole encore à l’abri d’un  vert mamelon.

Quelques hommes de ci, de là ont embrasé un feu. Brulis de l’aube.

Un père étend le linge de ses enfants.

Un pêcheur vogue sur les eaux tranquilles du fleuve.

 Les poules encore captives tournent en rond sous leurs paniers cloches.

Dans une mare de lotus fané, un hurluberlu aux airs de ravi, se trémousse. Petite excentricité matinale !

Une fillette hisse son vélo du talus , prête à affronter quelque labeur avant de filer en classe sans doute.

D’une cahute, jaillit quelque locale mélodie, compétitant avec les airs des coqs plus que zélés.

Une fourmi escalade mon poignet ; Je pose ma monture.

La terre et rouge.

De ci, de là, dans les bras des femmes, les coupes d’offrandes se préparent et cheminent vers les temples.

Quelques oies bien grassouillettes émergent de leur quart d’heure d’ablution., la plume bien hérissée.

Un garçonnet allègre marchote, panier de riz gluant en bandoulière. Son  uniforme est impeccable, la raie bien tirée.

Quelques motoculteurs charrettes passent ma route.

Leur poussière vole.

La terre est rouge. Mes orteils aussi.