vendredi 28 décembre 2012
lundi 10 décembre 2012
dimanche 9 décembre 2012
La terre est rouge
Les rives du Mékong se réveillent. Il est six heures à
peine. Trois buffles morts gisent sur la route, une camionnette ratatinée git,
elle aussi.
Les rizières sont asséchées. La terre craquèle un peu. La
terre est rouge.
Une femme tisse un filet sur son plancher.
En tailleur, petits et grands s’assemblent autour de soupes fumantes. Petit déjeuner de
nouilles blanches.
Au loin, les montagnes belles se dressent au-dessus de la
cité antique. Le Wat Phu somnole encore à l’abri d’un vert mamelon.
Quelques hommes de ci, de là ont embrasé un feu. Brulis de l’aube.
Un père étend le linge de ses enfants.
Un pêcheur vogue sur les eaux tranquilles du fleuve.
Les poules encore
captives tournent en rond sous leurs paniers cloches.
Dans une mare de lotus fané, un hurluberlu aux airs de ravi,
se trémousse. Petite excentricité matinale !
Une fillette hisse son vélo du talus , prête à affronter
quelque labeur avant de filer en classe sans doute.
D’une cahute, jaillit quelque locale mélodie, compétitant
avec les airs des coqs plus que zélés.
Une fourmi escalade mon poignet ; Je pose ma monture.
La terre et rouge.
De ci, de là, dans les bras des femmes, les coupes d’offrandes
se préparent et cheminent vers les temples.
Quelques oies bien grassouillettes émergent de leur quart d’heure
d’ablution., la plume bien hérissée.
Un garçonnet allègre marchote, panier de riz gluant en
bandoulière. Son uniforme est impeccable,
la raie bien tirée.
Quelques motoculteurs charrettes passent ma route.
Leur poussière vole.
La terre est rouge. Mes orteils aussi.
dimanche 2 décembre 2012
Laos : Là où la vie parait plus douce
La végétation et les sourires luxuriants se meuvent en un
fabuleux festin quotidien. Terre rouge martelée par les pieds nus des enfants.
Maisons de paille sur pilotis, couratent
cochons sous les soubassements des logis.
Le long de la route, des guirlandes d’écoliers, grands en
scooter ou sur pattes, petits à deux ou trois sur leurs bicyclettes. Sarong
marine pour les fillettes, pantalon de toile beige pour garçonnets, chemise
blanche pour les uns et les autres. Romantisme dans l’air, les demoiselles
pédalent à l’abri d’un parapluie ombrelle ou d’un cahier-visière, en amazone
derrière leurs amies.
Crépuscule de charme sous ces auspices bienveillants.
Doublons quelques triplettes de toges oranges enrubannant les corps d’apprentis
bouddhistes.
A peine avions nous passé la frontière que nous ressaisissons d’emblée cette sérénité qui émaille encore notre mémoire.
Le cap sera mis à l’est, boucle inconnue vers le plateau des
Boloven. Efforts de grimpette d’un premier jour fort récompensés.
Les cascades nous livrent leur tenant de fraicheur :
Tad Fane, Tad Etu, Tad Gneuang . Plaisir
de l’œil éclaboussures délicieuses, ou trempettes, petit fleuron de motivation.
Autour de nous, les plantations de café diffusent lorsque
floraison pointe un doux parfum perdu entre jasmin et chèvrefeuille. Hévéas, bananiers, plans de cotons parfont un
décor bien sympathique.
Gros orage encore nous retient trois durant sous un abri de
fortune avant la cime.
Les jours qui suivent sont détendus .Des kilomètres de
descente nuageux juste « à
point », nous font la part belle. Amusés, sillonnons nos routes, tapant
dans les mains des enfants. C’est l’heure
du bain, entre baquets et lessives. Chacun s’affaire à frotter le petit frère
ou le sarong poussiéreux.
Quelques mères bercent les petits dans leurs hamacs, les
garçons galopent leurs élingues à la main. Sur les bas-côtés pendouillent
ananas et bananes, surplombant les étals de pastèques, tandis que sèchent
chaque 100 mètres grains de café.
A Tad Hang, faisons escale : bungalow, hamac et
baignade. Pancakes et shakes nourrissent nos envies sucrées. Demain, c’est
grimpette au lever avant le retour en plaine. Quelques degrés en sus à
digérer !
Plaines de l'Isan
C’est l’hiver. Les moissonneurs s’agitent dans les plaines.
La route est un long cordeau d’asphalte terne et brûlant, distillant un
épuisement infini. Camions et monotonie des étendues servent déplaisir à
souhait. 35 °. Villages trop en retrait pour se distinguer. Zénith impitoyable,
nos corps ruissellent et cramoisissent . Ne maitrisant ni la langue, ni la
géographie secrète de l’Isan pour nous perdre au détour de petits chemins non
balisés, nous n’en verrons presque rien si ce n’est cette bande grise qui met
nos nerfs en crise. Des soixantaines de kilomètres avalés, tendus, assommés par
le soleil. Sikhoraphum, Si Saket, etc… Nous souhaiterions un hiver rude, une
chute aux usuelles températures de saison, un doux 25°. Pur rêve ! Le
mercure reste haut perché sur le thermomètre. Et les serpents écrasés
s’alignent sur la route. Peu de chance de croiser un ours polaire !
Ubon Ratchathani : nuit d’orage, l’espoir d’un
rafraichissement et d’une route plus clémente. 11heures à matine. Nous revoilà
partis pour une suée, temporaire seulement.
A peine en selle, nos estomacs nous taquinent. Miam-Miam. Visite du
temple… au passage. Débauche de statues, dragons, stupas, stucs, dorures,
marbrures de toc, béton peint. Profusion désordonnée. Rajout sur rajout. Disneyland
en voisinage aurait tôt fait de se
rhabiller. Si étrange de ne rien comprendre à ce déploiement de fioritures à
nos yeux si fou, kitsch, à la limite du ridicule. Est-il une mine d’invocations
derrière chaque personnage aux airs de clown, de loup ou de dragon ? Les
codes nous manquent-ils ? Religiosité, superstition, dévotion ou réelle
foi enrubannée de mille ornements ? D’étranges incantations au microphone
résonnent comme l’invitation au chapiteau des caravanes de cirque dans nos
contrées. Des moinilllons stationnent dans la benne d’un pick-up rutilant, un
doyen attend à la porte. Quelle sera leur journée ?
L’idéal pour nous serait de ne pédaler qu’entre 6 et 9h ,
16h et 17h. La fin de journée pour peu que l’humeur s’y prête permet de
savourer ce qu’il est de beau. La lumière or intense sur les brassées de riz,
les masures de bois, la peau d’un zébu ou son reflet dans l’œil d’un
buffle !!!. Les sourires des hommes à la tête enveloppée entre chapeau et
foulard offre une compensation. Les « Sawadee » fusent. Quelques
attendris stoppent leurs véhicules et déposent à nos pieds eau fraiche et grignoteries.
Ubon dans le dos, avec soulagement retrouvons la
tranquillité des voies de campagnes. Enfin ! Fraicheur de zones boisées,
cheminons doucement jusqu’à croiser la rivière Mun. Phibun Mangsahan et puis
cette délicieuse trêve barbottante dans les marmites de Tad Ton.
Khong Chiam sera notre dernière étape thaï, jonction de la
rivière Mun et du tant attendu Mékong. Un goût étrange que cet Isan manqué,
sans carte, ni chemin anticipé. Nous fallait-il ce temps seulement pour tropiques apprivoiser et basculer dans
l’univers sud-est asiatique qui de ses degrés ne cesserait de nous
envelopper ?
dimanche 25 novembre 2012
Migration exotique
Pour papa parti tenir la main de Papy
Chek Bae, Ko Chang, 1O novembre 2012
Sur
l’herbe devant le bateau de bois posé, les garçons courent après un ballon.
Anna réfléchit à un petit texte sur ce lieu assez extraordinaire.
Claire,
pensive, chatouille un de ses orteils et pense aussi au portrait qu’elle doit écrire. Le grand
bleu souffle sa mélodie discrète, couvrant le sifflement aigu des cigales,
pareil à celui de Tikal.. Les moustiques tentent de nous approcher, contrariés
dans leur dessein par les spirales qui se consument. Nos peaux se sont rosées, un rose effleurant les teintes de
l’écrevisse.
La
nuit tombe doucement, heure d’hiver. Un hiver au 35 degrés,, chauffant les eaux
immensément. Bain de jour ou nocturne au pied de la mangrove, les sommets de
l’ile se dessinent face à nous. Nous
sommes seuls, tous les cinq en ce crépuscule. Toits de paillotte, feuilles de
cocotier en ombres chinoises, les enfants finiront-ils par perdre le
ballon ?
Les
canoës sont renversés, le bateau sommeille sur le clapotis du soir.
Je
connais un homme qui ne pourrait retenir ces quelques mots : « on ne
pourrait rêver mieux »
Les
éclairs de chaleur illuminent sporadiquement les cieux obscurs, tandis que dans
le vent se cognent, cristallines, quelques guirlandes de coquillage..
Instant
insulaire
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………
Tu
nous manques déjà. Comme quoi, quand on est loin ; on se manque et on aimerait
bien se revoir. Mais finalement, quand on est ensemble, on se (j’exagère un
peu) râle souvent dessus.
Comment
vas-tu ; tu ne t’ennuies pas trop ? Tu as réussi à parler avec Papy
dans son état conscient ?
Je
n’ai pas trop de choses à te dire ; étant donné qu’on ne t’a pas vu depuis
seulement 4 jours ; si ce n’est que je t’envie d’être en France. D’un
autre côté, j’aurais bien aimé que tu sois là avec nous, profitant de cet
endroit extraordinaire (notamment parce que je sais que malgré le plaisir que
ta venue à Grignan apporte à tout le monde, surtout Mamy ; la vie, même
pour toi, est un peu dure en ce moment là-bas)…
Ici,
on s’éclate. Il fait bon ; sans dire chaud, bouillant ; mais
heureusement la mer (tiède) est là et après, hop, une bonne douche froide (bon
d’accord, froide-tiède) : rien de mieux pour se rafraîchir radicalement.
Le restaurant est un bateau, il y a plein de palmiers. Ce matin, on est allé
sur une petite île pour observer des poissons, avec tubas et swimming masks. Je
n’en ai pas vu tellement mais l’eau était d’un clair (comme sur les photos
« séjour à gagner pour le Pacifique / îles Caraïbes, quoi). Les gens
qui tiennent (une française, Eugénie, et son mari Thaï, Chaleaf alias
Leaf ; et leur fille Maya alias « Minou » qui danse comme dans Happy
feet) le « camping » sont super sympas. Leaf cuisine comme un (sergent)
chef (je suis dans l’extase rien que de t’en parler), il est marrant et adore
danser dans sa cuisine. Bon par contre, il y a eu 2 petits incidents
avant-hier : «sergent-chef» voulait faire un gros feu ; il a mis de
l’essence pour être sûr que ça brûle bien = ben, pour sûr que ça a brulé, ça a
même un peu explosé. Sa barbe y est passée, elle a été « barbecueté ».
Peu de temps après, Eugénie a marché dans la bouteille d’essence flambée par
terre : ouïe, ouïe, elle est partie pour le centre de soins. Elle ne
pouvait plus marcher ; donc elle rampait, comme moi avec les palmes ce
matin, pour se déplacer… Bref, tout ça n’est qu’une grande parenthèse, peu de
chose importantes pour toi…
Have a great stay at your home.
Big
hug et Beso Grande à tout le monde.
JACOB .
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Papa,
tu peux venir ? Je t’aime trop. Est-ce que tu peux ramener un livre
français pour moi de Mamie ? T’es trop gentil parce que tu achètes des
choses bonnes. Ici je me baigne et l’eau est bonne. Je dors dans une petite
maison en bois. Aujourd’hui on a pris un bateau pour aller dans l’eau bleue. Je
me suis servi d’un gilet pour faire une moto qui roule dans l’eau.
Gros
bisous papa et moi je t’aime.
Bartimée
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ;
Mon
Papa adoré avec une majuscule,
Ce
serait bien si t’étais là à jouer avec nous dans l’eau tiède de notre petite
plage abritée de ces touristes qui viennent tout envahir, et sur la pelouse
verte coupée au ras du sol qui entoure six petits bungalows et une petite
cuisine.
Cachée
derrière un petit arbre qui se baigne à longueur de journée, se trouve une
barque qui nous a emmenés sur un banc de sable afin d’y voir du corail. Nous
étions équipés de gilets de sauvetages, de masques et de tubas de plongée, ce
qui nous a permis de nager durant bien deux heures. D’ailleurs, sur les
quatre-vingt-seize heures que nous passons sur l’île, nous avons dû faire trempette
un peu moins des trois quarts des jours. Moi, le reste du temps, je lisais le
même livre, « ensemble, c’est tout », dans les hamacs, sur
notre grand lit ou sur le bateau. Celui-ci est abrité sous un toit de tiges
sèches, et il sert de restaurant pour toute personne de visite qui est affamée.
Le sol est recouvert de tapis de paille, et de coussins posés à même le sol.
Des coquillages de toutes formes pendus par des fils, s’agrippent à tout bout
de bois passant sous leurs crochets. Je ne saurais plus te les décrire, mais je
suis sûre que dans ta tête il y ressemble déjà ou il est encore plus
merveilleux.
Un
peu plus reculés dans cette forêt de cocotiers, sont éparpillés plusieurs
hamacs, fauteuils et tables de bois. Ah si seulement seraient installés des
coins comme celui-ci dans les écoles, les parcs et notre jardin même. Ce serait
le paradis, comme tu dis « on ne peut pas rêver mieux ». Seul
inconvénient : il ne faut pas se promener au-dessous des palmiers, au cas
où une noix de coco te tomberait sur la tête, disait Maman. Mais ceux-ci limitent
l’espace de jeux, vus le nombre de palmiers. Il faudrait vraiment que tu
t’imagines !
Enfin
bref, tu me manques beaucoup même si je n’ai pas trop le temps de penser à toi,
dans cet endroit calme et perdu au fin fond de l’île. Je n’arrive pas à me
convaincre que tu n’auras pas même posé un pied sur le paradis humain
(terrestre).
Raaaah non, ce
n’est pas possible. Les photos ne suffisent pas pour ressentir mon
bonheur ! Ca suffit Anna ! Regarde ce que tu fais ! Tu lui fais
tellement envie qu’il va vouloir se jeter dans un avion pour nous rejoindre
tout de suite ! Ne recommence plus jamais ça !
Bon, je te laisse
parce que moi, il y a le plat de frites poulets qui arrive.
Plein
de gros bisous et câlins pour toi, Papi, Mamie et toute la troupe qui veille
tellement bien sur Papi.
Anna
qui t’aime comme si elle était ta maman.
Coucou,
Le
papa qui me manque,
Je
suis sur une ile de rêve : l’eau est presque transparente.
On
se loge dans un petit bungalow, à quatre-vingts
mètres de la mer.
Le
matin on mange du délicieux muesli (il
est fait par le grand cuistot de la où on dort)
Cet
après-midi on est allé en bateau a une plage ou le sable était couleur
neige !!!
Tu
me manques (en fait c’est le plaisir de pouvoir
te faire des bisous et câlins) vraiment passionnément à la folie
beaucoup tellement (excuse-moi mais c’est parce que le dico de l’ordi n’accepte
pas « vraiment vraiment vraiment » parce qu’il y a répétition, alors
j’ai changé la phrase et j’ai augmenté la grande immensité mon Papa plus
qu’adoré)
Ce
serait trop bien si t’étais là.
Bisous
et câlins imaginaires
Claire
Notes de Chine du sud (extraits)
Sanjiang :
escale étrange. Ville de transit qui se cherche. Une image à la Chongqing,
version 1997. Petite vile grise, laborieuse, industrieuse. Ici aux portes du
pays dong, on tente de dresser l’étendard culturel, retenir le passant, ne
point le faire fuir, tout au moins. On a construit des hôtels stylés à l’ancienne,
sur les berges du fleuve, vue sur la rive d’en face, un peu tristoune. Masures
insalubres les pieds dans l’eau. Affleurent les bars pourtant, un semblant
d’âme branchée .Un quartier pour flamber neuf à deux pas d’une vieille grande
tour du tambour. Des bâtisses « néo-dong » et de longues bandes de posters
promotionnels tentent d’attirer le touriste.
Le pont des vents et de la pluie a fait peau neuve lui
aussi. Les boutiques s’inaugurent sous une horde de pétards.
Sur les eaux brunes, des barges rouillées aspirent de
l’argile, crachent des jets d’écume. Quelques rafiots malingres usinent, croisent quelques freluquets sampans.
Un pont grisâtre relie les deux parties de la ville sans
charme. La peinture fraiche des rambardes tue les narines. Les klaxons
s’agitent. Sur une placette, des hommes, les billets coincés entre les doigts
s’affairent aux paris. En Chine, on joue, misant sur victoires aux cartes ou au
Mah-jong. Accroupis, veste bleue synthétique et casquette kaki enfoncée sur l’oreille,
esquisse d’une ambiance de jeu 90 % masculine.
Ici, percevons à nouveau le décalage. Loin la capitale ou
les villes côtières, toutes frétillantes. Les tenues Mao et ses icones
subsistent. Son buste rutilant hante même l’entrée de notre hôtel. La modernité
se cherche tel un mode en devenir, capricieux toujours. La centaine de milliers
d’habitants approche mais nul distributeur ne permet encore aux étrangers de
retirer des devises à insuffler dans l’économie locale. Echoués dans une
chambre lumineuse, passons une journée au chaud à attendre qu’Henri file à
200kms récupérer des deniers pour la suite du voyage. Travellers chèques et
cartes bancaire européennes n’ont pas suivi l’essor encore
balbutiant !.Tout comme l’anglais, langue bien mystérieuse en cette
province.
Zhaoxing
Fin des cahots sur route caillouteuse. Au détour d’une
dernière courbe, plongeons sur les toitures d’une bourgade aux allures qui nous
conquièrent. Belle pause en vue.
Prenons ancrage dans chambrette, sur un canal. De ma fenêtre, je regarde. Les
femmes battent le tissu, après trempage dans un bain turquoise pour le moins
pestilentiel, mélange de plantes et…Lés de tissus pendent le long des façades
tournant vers un élégant moiré violine. Pourtant nulle part, ne verrai les
femmes arborer ces somptueuses étoffes scintillantes. Parure de fête, peut-être ?
Nuits tranquilles. Au matin, chacun y va de sa
besogne : retourner ou peigner les grains de riz étendus sur une natte
devant le seuil des maisons, trier les piments, tisser un panier, descendre au
canal piocher des galets, laver et coiffer ses cheveux, plumer sa première
poule du jour, bourrer sa pipe ou carboniser la panse d’un rat à rôtir.
Le long de la grande rue de terre battue, les vieilles
femmes descendues de leurs hameaux stationnent, choux, céleris et balance à
leurs pieds. Sous les tours des tambours répartis aux quatre coins du bourg,
les enfants jouent ; Panier de basket rouillés ou ballons, écolières en
uniformes ; Les femmes dong portent une veste molletonnée, aux couleurs
éteintes, fermeture latérale croisée.
Il est doux de poser ses yeux sur l’enfilade de façades
encore intactes. Logis de bois, flanqués de grappes de riz ou de piments à sécher. Un lieu à l’âme dense, mais pour
combien de temps encore. Si les hommes ne sont au champ, ils poussent leurs
brouettes chargées de caillasses, remodelant le visage du bourg. A quelques
kilomètres, viaducs et autoroutes dressent leur ombre effrayante. Un
désenclavement qui d’ici quelques mois déversera un flot de touristes. Un essor
qui risque de se payer cher. Géraniums ou fleurs d’agrément remplaceront-ils
tissus et tiges de riz aux fenêtres ?
Le canal se transformera-t-il en rue pavée noire d’une foule
curieuse ? Nous baladons, nous empruntons une voie au sud. L’averse nous
surprend. Trouvons abri sous la tente de travailleurs. Echangeons avec eux en
attendant qu’orage passe. Certains dorment sous cet abri de plastique
communautaire depuis 8 ans. En 2013, le chantier prendra fin et l’asphalte tout
neuf reliera ce fond de vallée au réseau routier chinois chaque jour plus
tentaculaire.
Perchés dans les montagnes à deux lieues à peine, d’autres
villages Jilun, Jinjiang s’animent à la tombée du jour. Retour des champs. Les
femmes (toujours les femmes !) redescendent des pâtures leurs troupeaux.
Sur leurs dos aussi, les fagots de foin ou de paille. Les vaches s’enfilent
dans les ruelles retrouvant pension nocturne sous les pilotis des maisons
perchées. Insolite, le passage de mini-camions à haut-parleurs annonçant la
vente de bananes ou autres vivres et rompant agressivement la torpeur du
crépuscule.
Tout là-haut !
Les jours défilent sans que retard ne s'absorbe. Alors à défaut de longs récits, recevez ces notes et si le temps se dilate, alors peut-être... en saurez vous plus un jour :
Saut de bus.
Nuages menaçants. Pied de muraille. Les trompes se déversent. Déjeunons. Attente.
Patience en vaut la peine. Huang Hua sheng. Partout écrit « interdiction
de gravir cette portion. Nous rencontrerons quelques autres brebis tapant de la
semelle ces centaines de marches hautes perchées. La muraille. Le soleil l’étreint.
Un cordeau alambiqué aux dalles parfois
de guingois. Monter : un peu de tension. Descendre : si j’avais su !!!
Vertige, vertige !
Les enfants
réalisent ce qu’ils vivent à l’instant même. Et Anna de dire : » j’y
crois à peine. Je marche sur ce grand mur. On en parlait mais c’était comme si
on n’y arriverait jamais et puis avec mes pédales et des morceaux de train, ça
y est. »
Beau moment
d’émotion que ce chouette temps familial partagé ! Et tout autour de ces
cinq bougies soufflées !
samedi 17 novembre 2012
vendredi 16 novembre 2012
lundi 12 novembre 2012
Sept semaines chinoises
Les brouillons se sont un peu mêlés, des bribes de textes de ci, de là, laissés en suspens. Avons franchi la frontière basculant soudainement ans l'exotisme. Quelques mises àjour nécessaires. En attendant que le fil du récit prenne forme, recevez ces images, libres enfin de censure et puissiez vous voyager un peu avec nous.
mardi 30 octobre 2012
Bartimée à sa classe
Kaili, le 30 octobre 2012
Chers copains de ma classe,
La maitresse vous a peut-être dit que moi, je suis en voyage. Je suis parti le mois d’avril en vélo de la France et je suis allé jusqu’en Chine.
En Chine, j’ai mangé du maïs grillé qui était brulant. J’aime bien les brochettes de pommes en sucre sur un bâton et puis les jiaoze (petits raviolis). Par contre, je n’aimais pas les bYzz (gros raviolis) de la Mongolie. Je sais dire « yi dian-dian », ça veut dire « un peu ». Je peux dire aussi « bu yao la de », pas épicé. J’arrive à compter jusqu’à 10 en chinois : « yi –er-san-se-wu-liu-qi-ba- jiu- she». Je vois des champs avec des tipis en paille et des buffles qui sont hyper-gros.
Je suis monté des montagnes en escalier et on a marché. J’ai glissé dans la rivière à côté de Langde. J’étais tout mouillé.
J’ai vu des femmes qui dansaient sur la place. Elles avaient des clochettes sur le cœur et des couronnes avec des cornes en argent métal. Les monsieurs, ils avaient un bandeau et jouaient un instrument en bambou avec un rideau rouge.
Quand les gens sont partis, les dames, les messieurs et les mamies aussi, on a joué à « un-deux-trois soleil » et « un-deux-trois lapins sortez » avec les enfants du village.
Sur les maisons, ils faisaient pendre du riz qu’ils allaient battre dans la machine.
On a vu des pagodes au bord de la route.
Quand on se promenait à Zhaoxing, il a plu et c‘était pas la bonne route. Les gens qui faisaient les travaux, ils nous ont invités sous leurs petites maisons en plastique où ils dorment et mangent pendant des mois.
A Sanjiang, au pont du vent et de la pluie, c’était drôle parce qu’ il y avait de la musique et des pétards.
Dans les rizières, les dames, elles portent leurs outils dans un petit panier en forme de botte accrochés à leurs dos.
Avant, on est allé à Yangshuo, on dormait et on mangeait dans une école d’adultes pour apprendre l’anglais. Mermaid, elle faisait des avions en papier avec moi et ils volaient très bien.
Quand on se promenait à vélo, on voyait des montagnes de sucre. Des fois, on traversait la rivière en « bamboo boat ». Ça m’a fait rigoler quand le camion, il lâchait tous les bateaux en bambou dans la rivière le soir.
Dans la rue à Guilin, quelqu’un m’a pris en photo et m’a mis dans le journal. Je suis allé chez le coiffeur après et comme ça on croit plus que je suis une fille.
A Pékin, on était chez mes cousins et puis on est allé visiter la Cité interdite ; elle est rouge et grande. Dedans il y a des palais de rois et un couloir pour garder les filles à l’empereur.
Mais moi, ce que j’ai préféré en Chine, c’est la grande muraille parce que c’est trop beau, c’est super haut et tu peux voir les montagnes.
L’autre lundi, je vais prendre l’avion avec mon vélo pour aller en Thaïlande où il y a des éléphants.
Bye, Zai dian
Bartimée
lundi 29 octobre 2012
La Vuelta al Mundo
Y a des jours comme ça, où dans nos têtes d’automne, ça fait drôlement du bien ces p’tites mélodies qui se fredonnent. Il était une fois des argentins saupoudrés sur notre chemin. Ont suivi leur route et nous la nôtre, mais tout au creux de nous, y a bien souvent leurs voix, leurs sourires et leurs grimaces qui s’radinent ;
Puissions-nous partager « este cancion » qui bien souvent nous accompagne :
no me regalen mas libros por que no los leo
lo que he aprendido es por que lo veo mientras mas pasan los años me contradigo cuando pienso el tiempo no me mueve yo me muevo con el tiempo
soy las ganas de vivir las ganas de cruzar las ganas de conocer lo que hay despues del mar yo espero que mi boca nunca se calle tambien espero que las turbinas de este avion nunca me fallen no tengo todo calculado ni mi vida resuelta solo tengo una sonrisa y espero una de vuelta yo confio en el destino y en la marejada yo no creo en la iglesia pero creo en tu mirada tu eres el sol en mi cara cuando me levanta yo soy la vida que ya tengo tu eres la vida que me falta asi que agarra tu maleta el bulto los motetes el equipaje tu valija la mochila con todos tus juguetes y
dame la mano y vamos a darle la vuelta al mundo darle la vuelta al mundo darle al vuelta al mundo]dame la mano y vamos a darle la vuelta al mundo darle la vuelta al mundo darle al vuelta al mundo
la renta el sueldo el trabajo en la oficina lo cambie por las estrellas y por huertos de harina me escape de la rutina para pilotear mi viaje por que el cubo en el que vivia se convirtio en paisaje yo era un objeto esperando a ser ceniza un dia decidi hacerle caso a la brisa a irme resbalando detras de tu camisa no me convencio nadie me convencio tu sonrisa y me fui tras de ti persiguiendo mi instinto si quieres cambio verdadero pues camina distinto voy a escaparme hasta la constelacion mas cercana la suerte es mi oxigeno tus ojos son mi ventana quiero correr por 7 lagos en un mismo dia sentir encima de mis muslos el clima de tus nalgas frias llegar al tope de la sierra abrazarme con las nubes sumergirme bajo el agua y ver como las burbujas suben y
dame la mano y vamos a darle la vuelta al mundo darle la vuelta al mundo darle al vuelta al mundo dame la mano y vamos a darle la vuelta al mundo darle la vuelta al mundo darle al vuelta al mundo
Puissions-nous partager « este cancion » qui bien souvent nous accompagne :
no me regalen mas libros por que no los leo
lo que he aprendido es por que lo veo mientras mas pasan los años me contradigo cuando pienso el tiempo no me mueve yo me muevo con el tiempo
soy las ganas de vivir las ganas de cruzar las ganas de conocer lo que hay despues del mar yo espero que mi boca nunca se calle tambien espero que las turbinas de este avion nunca me fallen no tengo todo calculado ni mi vida resuelta solo tengo una sonrisa y espero una de vuelta yo confio en el destino y en la marejada yo no creo en la iglesia pero creo en tu mirada tu eres el sol en mi cara cuando me levanta yo soy la vida que ya tengo tu eres la vida que me falta asi que agarra tu maleta el bulto los motetes el equipaje tu valija la mochila con todos tus juguetes y
dame la mano y vamos a darle la vuelta al mundo darle la vuelta al mundo darle al vuelta al mundo]dame la mano y vamos a darle la vuelta al mundo darle la vuelta al mundo darle al vuelta al mundo
la renta el sueldo el trabajo en la oficina lo cambie por las estrellas y por huertos de harina me escape de la rutina para pilotear mi viaje por que el cubo en el que vivia se convirtio en paisaje yo era un objeto esperando a ser ceniza un dia decidi hacerle caso a la brisa a irme resbalando detras de tu camisa no me convencio nadie me convencio tu sonrisa y me fui tras de ti persiguiendo mi instinto si quieres cambio verdadero pues camina distinto voy a escaparme hasta la constelacion mas cercana la suerte es mi oxigeno tus ojos son mi ventana quiero correr por 7 lagos en un mismo dia sentir encima de mis muslos el clima de tus nalgas frias llegar al tope de la sierra abrazarme con las nubes sumergirme bajo el agua y ver como las burbujas suben y
dame la mano y vamos a darle la vuelta al mundo darle la vuelta al mundo darle al vuelta al mundo dame la mano y vamos a darle la vuelta al mundo darle la vuelta al mundo darle al vuelta al mundo
mardi 23 octobre 2012
Pékin dans les yeux de Claire
Zhaoxing, le
23 octobre 2012
Chère école,
Je me promène à vélo dans les vieilles rues de Pékin. Je croise des tricycles qui transportent
leurs petites cuisines ambulantes dans les hutongs. D’autres servent de taxis,.
Certains vélos à trois roues sont très chargés ; ils remplacent parfois
les camions de déménagement ; ils peuvent aussi porter des valises, des
pyramides de cartons, de bouteilles vides à recycler.
J’ai mangé une crêpe cuisinée sur le vélo ; je peux
vous donner la recette : Faites couler de la pâte à crêpe encore liquide
sur une plaque chauffante (ça marche aussi si la plaque n’est pas sur un vélo),
étalez un œuf, retournez la crêpe puis
mettez de la sauce soja, saupoudrez de feuilles de coriandre fraiche,
posez une galette de riz au milieu et cassez la en morceau, rajoutez
éventuellement des épices, de la salade ou autres sauces, et pliez le tout en
quatre comme un mouchoir. Si vous avez peur que le marchand vous mette des
épices, dites-lui tout de suite « Bu yao lade ».
Vous obtenez un jianbing, le repas de rêve de maman et papa
aussi d’ailleurs.
Bon, moi ce n’est pas
mon plat préféré. Ce que j’aime, c’est le fruit du dragon : à l’intérieur
c’est blanc avec des petits pépins noirs ; à l’extérieur, ç’est rouge avec
des écailles vertes. Ca se mange comme une pastèque et selon moi, ça en a le
goût.
Ici en tout cas, la nourriture est très variée comparée à
celle de Mongolie, Je mange surtout du riz, des pâtes avec de la garniture. Il
y a beaucoup de légumes et de fruits,
certains n’existent pas en France : le lotus par exemple et les toutes
petites pommes miniatures. Et moi, j’adore les patates douces crues.
J’ai appris à manger avec des baguettes. Il est très impoli
de jouer avec et si on les fait tomber, on ne les ramasse pas, on en prend
d’autres.
Passons aux choses que j’ai visitées. J’ai beaucoup pédalé
dans la ville, même le soir quand il faisait un peu nuit et que tout le monde
rentrait du travail. Il y avait plein de monde, du coup des fois, on se retrouve
bloqué en plein milieu de la route. J’étais un peu stressée parce que j’avais
un peu peur de me perdre.
Un jour, on est allé au nord de la ville, assez loin visiter
les universités Tsinghua (où papa a travaillé, il y a très longtemps) et Beida,
qui ressemblent à des petites villes. A Beida, les bâtiments sont très anciens,
il y a même un lac et une grande pagode. Dans le même quartier, on a visité le
vieux palais d’été. C’était l’ancienne
résidence de l’empereur, on enjambait plein de petits ponts sur les lacs. Au
milieu, j’ai couru dans le labyrinthe. J’ai remarqué qu’il y avait des ruines
d’un petit château construit pour ressembler à celui de Versailles.
Ce qui est bien en Chine, c’est que l’on peut se reposer
loin du bruit, dans plein de parcs. Et il s’y passe beaucoup de choses, surtout
le matin tôt et le soir. Des dames dansent avec des éventails, font du tai chi,
un art martial qui permet de se bien se réveiller le matin. D’autres font de la
broderie Certains jouent de la musique, chantent, font du diabolo, guident
leurs cerfs-volants dans le ciel. Certains vieux monsieurs promènent leurs oiseaux ou leurs grillons ; ils
jouent aussi au mah-jong, aux cartes et aux dominos. Parfois, on en voit qui
jouent au foot avec une plume accrochée à une sorte de bouchon. J’ai essayé et
ce n’est pas si facile. Peut-être que l’on pourra s’entrainer dans la cour de
l’école !
Dans les parcs, on peut aussi rêver, se relaxer à l’abri des
petits pavillons peints et admirer les grandes feuilles de lotus et les nénuphars
qui flottent sur l’eau.
Il faut quand même que je vous raconte que je suis allée à
la cité interdite ; je vais vous dire un peu comment ça se passait :
l’empereur n’avait pas le droit d’en sortir. On l’enlevait à sa mère dès son
plus jeune âge. Les eunuques, serviteurs de l’empereur, devaient obéir à ses
ordres. On leur coupait les parties génitales qu’on gardait dans une boite,
pour ne pas qu’ils aient de relations amoureuses. Leurs familles venaient
chercher les boites à leur mort pour qu’ils puissent se réincarner quand même
Le mariage de l’empereur était arrangé, il avait des
concubines, des femmes en plus qu’il pouvait choisir quand il avait
envie ; elles habitaient dans des petits pavillons à l’intérieur de la
cité.
Moi, à la cité, j’ai mangé une dalle de pierre et je n’ai
pas spécialement aimé. J’ai fini la soirée à l’hôpital où l’on m’a recousu
après m’avoir fait avaler un mauvais produit. Maintenant, c’est guéri !
J’espère que vous allez tous bien, je sais que vous êtes
bientôt en vacances,
Amusez-vous bien
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